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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/64

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avec grande colère, cependant que Pieter Gans se plaignait bien mélancoliquement ; le tout avec grande confusion, l’un plourant et geignant, l’autre narrant et syllogisant, si fort que le bon duc ne savait auquel des deux entendre.

Wantje subitement sortit de la foule de peuple, lequel, comme Pieter Gans, criait : « Merci et pitié. » « Monseigneur, » dit la fillette, « cettuy-ci a grandement péché contre Dieu, mais par simplicité de cœur et couardise de nature. Diable l’a effrayé ; il s’est soumis à diable. Pardonnez-lui, Monseigneur, à cause de nous. »

— « Fillette, » dit le duc, « tu parles bien et je te veux écouter. »

Mais le R. N. Claessens : « Monseigneur, » dit-il, « vous ne pensez point à Dieu. »

— « Mon père, » répondit le duc, « je n’y manquai oncques, ce nonobstant j’estime qu’il ne lui est point bien agréable voir fumer graisse de chrétien et rôtir chair de bonhomme, mais qu’il aime ceux qui sont doux et n’arrêtent point le prochain en chemin de pénitence. Je ne veux point, aujourd’hui que Madame la Vierge a daigné faire miracle pour nous, contrister son cœur de mère par trépas de chrétien. Doncques nul des accusés, Pieter Gans ni les autres, ne seront pour cette fois brûlés. »