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Page:Charles De Coster - Légendes Flamandes.djvu/80

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Lors on était au treizième jour après la fête des Rois ; il avait neigé grandement et gelé fort par-dessus à cause d’une âpre bise qui soufflait.

Et les trois pucelles virent devant elles, au milieu de la neige, comme une île de verdure.

Et cette île était ceinte d’un fil de soie purpurine.

Au dedans de l’île était l’air du printemps florissant roses, violettes et jasmins, desquels l’odeur est comme baume.

Au dehors étaient bise, autans et froidure horrifiques.

Vers le milieu, là où est maintenant le maître-autel, se voyait une yeuse fleurie comme si elle eût été vrai jasmin persique.

Sus les branches, fauvettes, rossignols et pinsons, à l’envi, chantaient les plus harmonieuses chansons du paradis.

Car c’étaient les anges qui s’étaient emplumés, gazouillant ainsi en l’honneur de Dieu.

Un gentil rossignol, le plus fin chantre de tous, tenait en la patte droite une bande de parchemin où il était écrit en lettres de fin or :

« Ici est la place choisie par Dieu et montrée aux trois pucelles divinement, pour y bâtir église en l’honneur de Notre-Seigneur et Sauveur Jésus-Christ. »