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Elle n’est pas un parti de la bourgeoisie dans ses diverses branches, et par suite, elle n’est pas au service des intérêts particuliers et des goûts de domination de la bourgeoisie, comme le parti national-libéral et le parti progressiste.

Elle n’est pas un parti de la caste sacerdotale, et par suite elle n’est pas au service des intérêts particuliers et des goûts de domination de la caste des prêtres, comme le centre catholique et la faction protestante du christianisme social à la Stoecker.

Elle est le parti de l'ensemble du peuple, à l’exception de deux cent mille grands propriétaires, hobereaux, bourgeois et prêtres.

C’est donc vers l’ensemble du peuple qu’elle doit se tourner, et aussitôt que l’occasion lui en est offerte, lui fournir, par des propositions pratiques et des projets de loi d’un intérêt général, la preuve de fait que le bien du peuple est son unique but, et la volonté du peuple son unique règle.

Sans jamais violenter personne, mais avec un ferme propos et un but immuable, elle doit parcourir la voie de la législation.

Même celui qui aujourd’hui est en jouissance de privilèges et de monopoles, doit savoir que nous ne méditons aucunes mesures violentes, soudaines, contre des situations sanctionnées par la loi, et que nous sommes résolus, dans l'intérêt d’une évolution tranquille et paisible, à réaliser le passage de l’injustice légale à la justice légale avec le plus de ménagement possible pour les personnes et la condition des privilégiés et des monopolistes.

Nous reconnaissons qu’il y aurait injustice à rendre ceux qui se sont créé une situation privilégiée, avec le point d’appui d’une législation mauvaise, personnellement responsables de cette législation mauvaise, et à les en punir.

Nous déclarons expressément que c’est à notre avis un devoir de l’État, de donner à ceux qui peuvent être lésés dans leurs intérêts par l’abolition nécessaire des lois nuisibles à l’intérêt commun, une indemnité, autant que cela est possible et conciliable avec l’intérêt de l’ensemble.