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Page:Charrière - Caliste ou lettres écrites de Lausanne, 1845.djvu/339

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LETTRES

DE MADAME DE STAËL
A MADAME DE CHARRIÈRE.
(tirées de la collection de m. gaullieur.)



I.


Madame de Staël écrivait de Coppet à madame de Charrière vers la fin de 92 ou le commencement de 93 ;


Je vous aurais remerciée plus tôt de votre aimable lettre si je n’avais voulu finir la lecture que nous faisions en commun de vos Lettres politiques[1]. Nous avons admiré leur raison, leur justesse et la tournure piquante que vous donniez à des idées saines d’où dépend le salut du monde. Je me suis vivement intéressée aux Lettres Neuchâteloises ; mais je ne sais rien de plus pénible que votre manière de commencer sans finir. Ce sont des amis dont vous nous séparez, et la cessation de toute correspondance avec eux me donne contre vous un peu de l’humeur que je ressens contre le comité des postes de Paris.

Qu’est-ce qu’un roman appelé Mistriss Henley, qu’on prétend aussi de vous, c’est-à-dire qu’on trouve charmant ? J’ai donné ordre qu’on me l’achetât, mais celui-là aussi est-il fait à moitié ? Vous abuseriez un peu du talent qu’il faut pour tourmenter ainsi. Je ne sais rien que

  1. Correspondance de quelques gens du monde sur les Affaires du temps, charmant livre de madame de Charrière aussi inconnu que la plupart des autres.