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Page:Chassiron notes japon chine inde.djvu/244

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le sol des rives qui est de vase et d’argile, par conséquent facile à creuser, des saignées assez larges pour livrer passage aux barques, lesquelles saignées se relient elles mêmes aux canaux d’irrigation qui couvrent la surface de la Chine ; aussi est-il vraiment singulier de voir jaillir de la terre ferme les mâts de ces jonques aux pavillons de toutes couleurs, se cachant derrière des bouquets d’arbres ou des touffes de bambous ; mirage lointain de la Hollande ou des bords de la Charente.

Pendant leur séjour à Tien-Tsin, les Ambassadeurs de France et d’Angleterre habitaient un vaste palais en bois, comme tous les palais en Chine, que l’on appelle yamoun : je les y ai trouvés. Ils se l’étaient partagé, gardant autour d’eux, plutôt campés que logés, leurs personnels respectifs, disséminés dans les nombreux kiosques qui forment la distribution intérieure de toute grande habitation chinoise. Une partie de la Mission anglaise s’était logée dans une pagode annexe du yamoun principal, et dont la cour, plantée d’arbres séculaires, était couverte d’un velum qui en faisait un lieu toujours frais. L’effet de ce vieux temple de Bouddha, qui avait gardé ses idoles, ses monstres impossibles, ses inscriptions aux couleurs criardes, envahi par la jeune Europe, avec ses insouciances et ses