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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t6.djvu/315

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

Deux heures après l’arrivée de Madame, j’avais vu mademoiselle Lebeschu, ma compatriote ; elle s’était empressée de me dire les espérances qu’on voulait bien fonder sur moi. Mademoiselle Lebeschu figure dans le procès du Carlo-Alberto[1].

Revenue de sa poétique visitation, la duchesse de Berry m’a fait appeler : elle m’attendait avec M. le comte Lucchesi et madame de Podenas.

Le comte Lucchesi Palli est grand et brun : Madame le dit Tancrède par les femmes. Ses manières avec la princesse sa femme, sont un chef-d’œuvre de convenance ; ni humbles, ni arrogantes, mélange respectueux de l’autorité du mari et de la soumission du sujet.

    « À Monsieur H.-D. Delloye, lieutenant-colonel en retraite, chevalier de l’Ordre royal de Saint-Louis et de la Légion d’honneur.
    Paris, ce 30 juin 1836,

    « Voilà, Monsieur, notre affaire en bon train ; aussitôt le Milton achevé, je me suis remis aux Mémoires, et j’ai fait commencer la copie que je dois vous livrer dans les premiers mois de l’année prochaine. Je me félicite, Monsieur d’avoir rencontré un brave et loyal officier de la garde royale qui a terminé une affaire qui, sans lui, n’aurait peut-être jamais fini. C’est donc à vous, Monsieur, que j’aurai dû le repos de ma vie et, ce qui m’importe le plus, celui de Madame de Chateaubriand. Dieu aidant, le reste ira bien, et j’espère que ni vous, ni les actionnaires, dans un temps donné, n’auront à regretter d’être devenus les propriétaires de mes Mémoires.

    « Croyez, je vous prie, Monsieur, à mon sincère dévouement, et ayez l’assurance de ma considération très distinguée.

    « Chateaubriand. »

  1. Mlle Mathilde Lebeschu, ancienne femme des atours de la duchesse de Berry. Elle avait suivi la princesse en exil et s’était embarquée avec elle sur le Carlo-Alberto, le 21 avril 1832. Poursuivie, comme le vicomte de Saint-Priest et M. Adolphe Sala, elle fut, comme eux, acquittée à Montbrison, le 15 mars 1833.