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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t6.djvu/340

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

majorité ; sur la réponse des grands parents, j’enverrais un courrier à S. A. R. qui attendrait ma dépêche à Trieste. Madame joignit à sa lettre pour le vieux roi un billet pour Henri : je ne le devais remettre au jeune prince que selon les circonstances. La suscription du billet était seule une protestation contre les arrière-pensées de Prague. Voici la lettre et le billet :

« Ferrare, 19 septembre 1833.

« Mon cher père, dans un moment aussi décisif que celui-ci pour l’avenir de Henri, permettez-moi de m’adresser à vous avec toute confiance. Je ne m’en suis point rapportée à mes propres lumières sur un sujet aussi important ; j’ai voulu, au contraire, consulter dans cette grave circonstance les hommes qui m’avaient montré le plus d’attachement et de dévouement. M. de Chateaubriand se trouvait tout naturellement à leur tête.

« Il m’a confirmé ce que j’avais déjà appris, c’est que tous les royalistes en France regardent comme indispensable, pour le 29 septembre, un acte qui constate les droits et la majorité de Henri. Si le loyal M… est en ce moment auprès de vous, j’invoque son témoignage que je sais être conforme à ce que j’avance.

« M. de Chateaubriand exposera au roi ses idées au sujet de cet acte ; il dit avec raison, ce me semble, qu’il faut simplement constater la majorité de Henri et non pas faire un manifeste : je pense que vous approuverez cette manière de voir. Enfin, mon cher père, je m’en remets à lui pour fixer votre attention et amener une décision sur ce point néces-