des yeux un peu jaloux, plein de feu et d’esprit, mais sans cesse battu du diable par son ambition. »
Je fais de l’histoire en calèche : pourquoi pas ? César en faisait bien en litière ; s’il gagnait les batailles qu’il écrivait, je n’ai pas perdu celles dont je parle.
De Dillingen à Donawert est une riche plaine d’inégal niveau où les champs de blé s’entremêlent aux prairies : on se rapproche et on s’éloigne du Danube, selon les courbures du chemin et les inflexions du fleuve. À cette hauteur, les eaux du Danube sont encore jaunes comme celles du Tibre.
À peine êtes-vous sorti du village que vous en apercevez un autre ; ces villages sont propres et riants : souvent les murs des maisons ont des fresques. Un certain caractère italien se prononce davantage à mesure que l’on avance vers l’Autriche : l’habitant du Danube n’est plus le paysan du Danube.
Son menton nourrissait une barbe touffue ;
Toute sa personne velue
Représentait un ours, mais un ours mal léché.[1]
Mais le ciel d’Italie manque ici : le soleil est bas et blanc ; ces bourgs si dru semés ne sont pas ces petites villes de la Romagne qui couvent les chefs-d’œuvre des arts cachés sous elles ; on gratte la terre, et ce labourage fait pousser, comme un épi de blé, quelque merveille du ciseau antique.
À Donawert, je regrettai d’être arrivé trop tard pour jouir d’une belle perspective du Danube. Lundi 20, même aspect du paysage ; cependant le sol devient moins bon et les paysans paraissent plus
- ↑ La Fontaine, le Paysan du Danube.