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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t6.djvu/530

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

bonne foi. L’empereur s’est aperçu qu’on voulait le braver, et ce qu’il eût été facile d’arranger dans le commencement avec de la prudence, est devenu maintenant une assez grande affaire ; elle est entièrement personnelle entre les deux souverains, ce qui rend toute espèce d’intervention ou de médiation étrangère impossible : celle de M. G. de Caraman[1] ne peut donc être proposée.

« Il est nécessaire, il est indispensable que le roi de Würtemberg fasse une démarche, mais qu’il la fasse avec franchise et cordialité ; c’est moins le souverain que le parent qui se trouve offensé, la réparation n’en est que plus facile. C’est malheureusement ce que ni le roi ni ses ayants cause à Pétersbourg n’ont voulu jusqu’à présent ni comprendre ni conseiller. M. de Beroldingen[2] a fait, avec les meilleures intentions du monde, beaucoup de fautes, mais elles ne sont pas irréparables, et j’espère que nous sommes au moment de terminer cette désagréable affaire. Me prévalant de l’intérêt que nous avons témoigné au Würtemberg dans cette circonstance, j’ai eu avec le comte de Beroldingen une explication très franche dans laquelle je ne lui ai point laissé ignorer que le seul moyen de réta-

  1. Le comte Georges de Caraman, envoyé extraordinaire et ministre plénipotentiaire de France à Stuttgard.
  2. Beroldingen (Joseph-Ignace, comte de), né dans le Wurtemberg en 1780. Après avoir servi dans les rangs français jusqu’en 1813, avec le grade de général, il fut nommé, en 1814, ambassadeur à Londres. En 1823, il fut appelé par le roi Guillaume Ier au poste de ministre des Affaires étrangères, qu’il devait conserver pendant vingt-cinq ans. Il ne quitta le pouvoir qu’en 1848.