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Page:Chateaubriand - Mémoires d’outre-tombe t6.djvu/535

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MÉMOIRES D’OUTRE-TOMBE

J’ai répondu à l’ambassadeur que je ne verrais aucun inconvénient à ce que les conférences fussent ajournées ; mais que je n’étais point en mesure de faire à cet égard aucune réflexion au gouvernement russe, et que les instructions de Votre Excellence se bornaient à m’autoriser à prendre part aux conférences lorsqu’elles s’ouvriront. M. Canning se plaint aussi de n’avoir point encore reçu (25 avril) les observations annoncées depuis longtemps par le cabinet autrichien. Je suis plus que jamais confirmé dans l’opinion que ces conférences n’auront dans ce moment aucune espèce de résultat ; je serai plus à même dans quelques jours de vous donner à cet égard des éclaircissements plus précis.

« Vous m’avez mandé que le roi donnait son consentement au mariage de mademoiselle de Modène. Je ne vous cache pas que le père est au désespoir de ne pas avoir reçu dans cette circonstance une preuve plus positive et plus directe de l’intérêt du roi qui fut le protecteur de sa jeunesse. Son imagination est singulièrement frappée de l’idée d’avoir encouru la disgrâce de Sa Majesté. Le comte de Modène[1] est un homme animé des meilleurs sentiments et des meilleurs principes ; il jouit ici d’une considération qui dédommage de voir un Français de

  1. Le comte de Modène était de famille française. Son père, après avoir été ministre plénipotentiaire de France en Suède, était devenu, en 1771, gentilhomme d’honneur du comte de Provence, puis gouverneur du palais du Luxembourg. Il avait émigré avec le prince et était resté près de lui jusqu’à sa mort en 1799. Le comte de Modène, dont parle ici M. de La Ferronnays, avait donc passé sa jeunesse à la cour du comte de Provence, le futur Louis XVIII.