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Page:Chaumont - Relation de l'ambassade de Mr le Chevalier de Chaumont à la cour du Roy de Siam, 1733.djvu/108

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du Voyage de Siam.


grez & demy de latitude du Nort, ſur le bord d’une tres-grande & belle riviere, & les Vaiſſeaux tous chargés la paſſent juſqu’aux portes de la Ville, qui eſt éloignée de la Mer de plus de quarante lieües, & s’étend à plus de deux cens lieuës dans le pays, & par ce moyen elle conduit dans une partie des Provinces, dont j’ai parlé ci-deſſus. Cette Riviere eſt fort poiſſonneuſe & ſes rivages ſont aſſez bien peuplez, quoyqu’ils demeurent inondés une partie de l’année. Le terroir y eſt paſſablement fertile ; mais tres-mal cultivé, l’inondation provient des grandes pluyes qu’il y tombe durant trois ou quatre mois de l’année ; ce qui fait beaucoup croître leur ris ; en ſorte que plus l’inondation dure, plus les récoltes du ris ſont en abondance, & loin de s’en plaindre ils ne craignent que la trop grande ſeichereſſe. Il y a beaucoup de terre en friche, & faute d’habitans elles ont eſté dépeuplées par les guerres precedentes, & comme ils ſont ennemis du travail, ils n’aiment à faire que les choſes aiſées. Ces plaines abandonnées & ces épaiſſes Forets qu’on voit ſur les Montagnes ſervent de retraite aux Elephans, aux Tygres, aux Bœufs & Vaches ſauvages, aux Cerfs, aux