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Page:Chaumont - Relation de l'ambassade de Mr le Chevalier de Chaumont à la cour du Roy de Siam, 1733.djvu/112

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du Voyage de Siam.


comme ce païs eſt toujours inondé, cela fait qu’il eſt plus abondant ; car le ris ſe nourrit dans l’eau & à meſure que l’eau croît, le ris croît pareillement, & ſi l’eau croît d’un pied en vingt-quatre heures, ce qui arrive quelquefois, le ris croît auſſi à proportion & a toûjours ſa tige au deſſus de l’eau, il ne reſte que cinq ou ſix mois au plus en terre, il vient comme l’avoine.

Il n’y a point de ville dans l’Orient où l’on voye plus de Nations differentes, que dans la Ville Capitale de Siam, & où l’on parle de tant de langues differentes, elle a deux lieuës de tour & une demie lieuë de large, elle eſt tres-peuplée, quoy qu’elle ſoit preſque toûjours inondée, en ſorte qu’elle reſſemble plûtoſt à une Iſle, il n’y a que des Maures, des Chinois, des François & des Anglois, qui demeurent dans la Ville, toutes les autres Nations eſtant logées aux environs par camps ; c’eſt à dire chaque nation enſemble, ſi elles eſtoient aſſemblées elles occuperoient autant d’eſpace que la Ville qui eſtoit autrefois tres-marchande, mais les raiſons que j’ay dites cy-devant empêchent la plupart des Nations Etrangères d’y venir & d’y rien porter.