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Page:Chaumont - Relation de l'ambassade de Mr le Chevalier de Chaumont à la cour du Roy de Siam, 1733.djvu/20

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Relation


ques années par deux ou trois Rois, dont l’un eſt le Roy des Malais. Cette nation eſt fort inſociable, & on n’a point de commerce avec elle.

Du cinquiéme au quinze nous n’eûmes que de petits vents fort variables, & des calmes qui nous faiſoient moüiller ſouvent, à cauſe des courans qu’il y a le long de cette côte. Depuis le Détroit de Banca juſqu’à Siam, on ne quitte point la terre, & on ne s’en éloigne que depuis quinze juſqu’à vingt-cinq braſſes, le fonds vafe.

Le même jour nous nous trouvâmes devant Ligor, qui eſt la première Place du Roy de Siam. Les Hollandois y ont une habitation, & y font commerce. Il eſt difficile d’exprimer la joye que les Siamois que nous ramenions eurent de ſe voir proche des terres de leur Roy, & elle eſt ſeulement comparable à celle que nous avons reſſentie à nôtre retour, quand Dieu nous a fait la grâce de retoucher Breſt. Il mourut là du flux de ſang aprês cinq mois de maladie un jeune Gentil-homme nommé d’Herbouville, l’un des Gardes de Marine, que le Roy m’avoit donné pour m’accompagner ; il étoit fort honnête homme, & je le regretay extrêmement.