pes de Bancok m’a toujours accompagné,
& donnoit les ordres pour toutes choſes.
Il y eut environ 50. ou 60. balons à ma ſuite,
dont pluſieurs avoient 50. 60. 70. & 80.
pieds de long, ayant des rameurs depuis 20
juſques à cent. Ils ne rament pas à notre
maniere, ils ſont aſſis deux ſur chaque
banc, l’un d’un côté & l’autre de l’autre, le
viſage tourné du côté où l’on va, & tiennent
une rame qui s’appelle pagais, d’environ
quatre pieds de long, & font force du
corps pour pagaier. Ces rameurs fatiguent
beaucoup, & ſe contentent pour toute
nourriture de ris cuit avec de l’eau, &
quand ils ont un morceau de poiſſon, ils
croyent faire un très-grand régal. Ils mangent
d’une feuille qu’ils appellent betel,
qui eſt comme du lierre, & d’une eſpece de
gland de cheſne, qu’ils appellent arrek,
mettant de la chaux fur la feüille, & c’eſt
ce qui donne le goût. Ils mangent du tabac
du païs, qui eſt bien fort ; tout cela leur rend
les dents noires qu’ils eſtiment les plus
belles. Un homme peut vivre de cette maniere
pour 15. ou 20. ſols par mois, car ils
ne boivent ordinairement que de l’eau. Ils
ont une eſpece d’eau de vie tres forte, qu’ils
appellent racque, qu’ils font avec du ris.
Lorſque j’arrivay dans les maiſons qu’on
m’avoit préparées, tous les Mandarins qui
Page:Chaumont - Relation de l'ambassade de Mr le Chevalier de Chaumont à la cour du Roy de Siam, 1733.djvu/32
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
30
Relation