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Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/151

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affaires, de nous voir devenir plus riches que lui. Il est si heureux d’écraser les autres de sa fortune ! (Avec ironie.) Sa fortune ! avec ça qu’il aime à la prodiguer ! Qu’on vienne me dire que Lemadru ne sait pas compter, je répondrai carrément : « Henri IV n’est pas mort ». — Tiens ! en nous envoyant cette poularde, qui ne lui coûte rien, je gage qu’il s’est dit : « Ils me fourniront linge, potage, madère, deux plats de légumes, dessert, etc., etc., etc. ! » — Ah ! moi, je voudrais avoir toujours à faire des générosités à si bon compte, je serais bien sûr de ne pas me ruiner ! — Vois-tu, ton Lemadru est un pingre qui ne donnerait pas un sou à un pauvre pour aller en omnibus.

Madame. — Cependant les fameux 5,000 francs à la Rocamire ?

Monsieur. — Oui, mais c’est pour ses indomptables passions. C’est un satyre qui tournera mal ; il finira dans les mains d’une jeune bonne.

Madame. — C’est tout de même beau, à son âge, d’être aussi… vert.

Monsieur. — Vert, soit ! Mais à quel prix ? Tu verras demain comme il va se précipiter sur les truffes ; c’est sa planche de salut.

Madame. — Est-ce que, vraiment, les truffes ?…

Monsieur. — On le dit.

Madame. — Tu devrais bien manger celles-ci.

Monsieur. — Crois-tu ?

Madame. — Tu le sais aussi bien que moi.

Monsieur. — Alors, pour te faire plaisir. — Après tout, Lemadru n’a dit que de lui garder une aile.