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Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/297

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faut vendre à perte, le déménagement vous ruine…

Le mari. — J’ai un buffet dans ce cas-là.

L’ami — Voyez-vous ! Il me semble qu’à votre place, si j’avais la main levée pour frapper un coupable, en flagrant délit, mon bras serait retenu par cette seule pensée : « Où mettrai-je mon buffet ? » Et puis, entre nous, en y réfléchissant bien — et surtout en admettant cette hypothèse impossible d’une épouse infidèle — je crois qu’on a généralement tort de se faire un monstre de l’architecte. C’est un individu sédentaire qui s’attache aux maisons qu’il construit ; l’obligation de vérifier les mémoires lui donne une certaine habitude de droiture qui fait qu’il comprend les nombreuses obligations imposées par telle ou telle situation. Tenez, vous êtes gros, la marche vous fatigue ?

Le mari. — Oh ! oui ! ce m’est un supplice quand il faut accompagner Pauline, qui adore les longues courses à pieds.

L’ami. — Il est bien évident qu’un bras, de vos amis, qui s’offrirait pour vous éviter cette corvée vous exempterait de ces scènes désagréables qui vous sont faites pour vous décider à sortir ; car elle n’a pas un caractère des plus commodes, votre femme ?

Le mari. — Entêtée et surtout nerveuse ; au premier abord, elle parait douce.

L’ami. — Bigre ! on a le temps d’apprécier un tel caractère en cinq heures de grotte.

Le mari. — J’ai dit cinq heures ?… Il n’y en avait