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Page:Chavette - Les Petites Comédies du vice, 1890.djvu/53

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Le baron bondit de surprise :

— Et c’est moi que vous chargez de trouver votre homme ? Mais vous me demandez tout simplement de vous découvrir le merle blanc, mon très cher.

— Il est bien évident que vous ne trouverez pas, si vous vous adressez à ceux qui tiennent à avoir des succès à la Richelieu dans les salons ; mais vous pouvez rencontrer un philosophe, un sage… revenu de bien des illusions… qui ne s’arrête pas à un détail et qui vise au solide ; car, trois cent mille francs, c’est une jolie aubaine… surtout quand on n’a rien.

Le baron se frappa subitement le front :

— Tiens ! je n’y songeais pas ! On va souvent chercher bien loin ce qu’on possède sous la main.

— Vous avez mon homme ? demanda le sauvage.

Sans lui répondre, le baron s’était tourné vers moi :

— Eh parbleu ! garçon, voilà ton affaire !

(Je vous passe la surprise du mari qui, en se retournant, vit que sa confidence avait été écoutée par un tiers).

— Mon affaire, parrain ! m’écriai-je.

— Sans doute. Tu veux te marier et tu n’as pas le sou. Crois-tu pouvoir jamais rencontrer une plus belle occasion de gagner trois cent mille francs ?

— J’irai jusqu’à quatre cent mille francs, ajouta l’homme jaune pour me décider à devenir son mandataire.

— C’est ta position qu’on te met dans la main, appuya le baron.