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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/230

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LE PARFUM DES PRAIRIES

— Rends-toi à ma maison et couche-toi à ma place. Mon mari viendra près de toi après le premier tiers de la nuit, afin de te demander le pot dans lequel on trait les chamelles. Tu ne soulèveras pas ce vase pour le lui mettre dans les mains, mais tu le garderas dans les tiennes jusqu’à ce qu’il vienne le prendre. Puis il se retirera et reviendra ensuite avec le pot plein de lait, en te disant : « Voilà le pot. » Mais ne le prends pas qu’il n’ait répété ces paroles une seconde fois. Alors prends-le-lui des mains, ou bien laisse-lui le soin de le poser à terre lui-même. Puis tu ne le verras plus jusqu’au matin. Lorsque le pot aura été posé par terre et que mon mari se sera éloigné, bois-en le tiers et remets-le à sa place.

L’ami partit, observa toutes les recommandations de Bahia et, lorsque le mari vint avec le pot plein de lait, il ne lui prit pas de ses mains qu’il n’eût répété une seconde fois : « Voilà le pot ! » Malheureusement, il retira ses mains du vase lorsque le mari voulut le poser ; celui-ci, croyant qu’il était soutenu, le lâcha ; le vase tomba à terre et se brisa. Le mari, s’imaginant parler à sa femme, s’écria :

— Où as-tu donc l’esprit ?