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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/273

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LE JARDIN PARFUMÉ

pages entières de remplissage qui déparent l’ouvrage et sont comme le revers de la médaille. L’auteur lui-même l’a senti, puisqu’en terminant son ouvrage, il prie le lecteur de le lui pardonner en considération de la bonne intention qui a guidé sa plume. En présence des qualités de premier ordre qu’on était obligé de lui reconnaître, nous eussions préféré ne pas y rencontrer ces défectuosités ; nous eussions aimé, en un mot, à lui trouver un caractère plus homogène et plus sérieux, surtout si l’on considère que la circonstance que nous relevons est de nature à faire naître des doutes sur la véritable origine des choses nouvelles qui y ont été découvertes et qui pourraient facilement passer pour des interpolations dues à la fantaisie d’un ou plusieurs copistes par les mains desquels l’ouvrage a passé avant de nous arriver.

Chacun connaît, en effet, les graves inconvénients qu’offrent les manuscrits et les services qu’a rendus l’imprimerie à la science et à la littérature en les détrônant. Aucune copie ne sort complète et parfaite des mains de l’écrivain, surtout de l’écrivain arabe, moins scrupuleux que tout autre. Celui-ci, non seulement y sème involontairement les incorrections dues à son ignorance et à sa négligence, mais encore ne se fait pas faute de corriger, de modifier, d’ajouter surtout, suivant son caprice. Le lecteur lettré lui-même, entraîné par l’attrait du sujet, vient aussi bien souvent par là-dessus annoter le texte en marge, insérer l’anecdote du jour, l’idée qui a cours, la recette médicinale préconisée, et tout cela se retrouve ensuite dans le corps de l’ouvrage, au grand dé-