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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/35

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LE JARDIN PARFUMÉ

à Alger, il avait admiré sa science, lui avait accordé son amitié, l’avait emmené à Tunis, que Dieu protège, et l’avait fait Grand Vizir.

Un jour, mon manuscrit De l’Amour étant tombé entre ses mains, il me fit appeler, me priant de venir au plus tôt près de lui. Je m’empressai de me rendre à ses désirs, et, durant trois jours, je fus comblé par Sa Hautesse des marques de la plus grande faveur. Au bout de ce temps, me montrant le livre, il me demanda si je n’en étais pas l’auteur. Comme je rougissais sans répondre, il me rassura et reprit :

— Ne demeure pas interdit, car tout ce que tu racontes est juste et nul n’oserait le contredire. Du reste, tu n’es point le premier qui ait tenté un pareil sujet ; l’étude de l’amour est utile et nécessaire ; personne ne le conteste, si ce n’est les niais et les hommes paresseux d’intelligence. Cependant j’ai un désir à t’exprimer.

— Quel est-il, Seigneur ?

— Je voudrais, dit le Vizir, que tu complétasses ton livre en augmentant de détails certaines choses sur lesquelles tu passes trop rapidement ; tu as négligé d’indiquer les remèdes utiles à la volupté ; ceux qui consistent à augmenter le