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Page:Cheikh Nefzaoui - Le parfum des prairies (le Jardin parfumé), 1935.djvu/53

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LE JARDIN PARFUMÉ

qu’il était impossible de la fixer. Il le nomma, en même temps, non seulement Vizir, mais Grand Vizir, tant sa satisfaction était grande. Puis ayant été congédié, le bouffon rentra dans sa maison portant sur ses épaules son cadeau magnifique.

La femme du ministre, qui se trouvait par hasard à sa fenêtre, fut éblouie à la vue de Baloul, étincelant comme le soleil, et se tournant du côté de sa négresse, qui se tenait debout derrière elle, elle lui dit :

— Est-ce bien le bouffon du Sultan, que j’aperçois si splendidement vêtu ? Comment a-t-il fait pour avoir cette merveille ?

— Voulez-vous me permettre, Madame, dit la négresse, de lui demander pour vous sa robe ?

— J’y consens, mais emploie avec lui des paroles de miel pour le séduire en ma faveur.

— Je ferai ce que je pourrai, mais cet homme est fin et habile, il est savant à se venger en se moquant de ceux qui rient de lui. Nous ferions peut-être bien de le laisser tranquille, à moins que vous ne vous chargiez vous-même de la séduction.

— Va le chercher, répondit la dame.

La négresse partit et ayant trouvé Baloul :