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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/122

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bureau intérieur pour examiner les cas au fur et à mesure était le plus nouveau de tous. Mais en même temps que nouveau, il était ancien : il avait fait la même besogne dans plusieurs autres endroits, et avait ainsi pris l’habitude de la faire, doucement, rapidement, avec une dangereuse dextérité. Mais il commençait à être trop vieux pour bien faire quoi que ce soit. Sa vue n’était plus ce qu’elle avait été, son ouïe n’était pas si fine qu’il le croyait. C’était un chirurgien-major en retraite, nommé Wotton. Il avait une moustache grise soigneusement entretenue et une expression endormie ; il avait atteint le stade somnolent de sa journée et de sa carrière.

Sur son bureau, il y avait un grand nombre de papiers, parmi lesquels une convocation pour l’après-midi, à la Commission des Aliénés.

De son cabinet retiré et matelassé, il n’entendit pas l’absurde fiacre ramper jusqu’à la porte, encore bien moins les mouvements rapides et silencieux d’une personne d’allure distinguée, qui aidait les deux occupants à descendre et, avec beaucoup de politesse, les introduisait dans le vestibule de la maison. Cette personne était si distinguée que nul ne songea à discuter son droit d’agir ; les gardiens l’acceptèrent comme un rouage bien huilé du mécanisme et le médecin légiste lui-même se laissa courtoisement introduire dans un salon d’attente à côté du sanctuaire du magistrat. Peut-être auraient-ils été plus étonnés si, quelques minutes auparavant, ils avaient regardé par la fenêtre et vu la personne d’allure si distinguée dégringoler du haut d’un cab. Quoi qu’il en soit, le médecin légiste commença à être sérieusement inquiet quand le personnage (qu’il n’avait fait qu’entrevoir dans un escalier obscur, et qu’il commençait à peine à identifier) non seulement ferma la porte