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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/18

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culté. Vous savez bien, Douglas, que je suis venu ici à la stricte condition que je pourrais dire tout ce qui me passerait par la tête ; pourtant je ne tiens pas à parler contre un homme dans sa propre maison. De plus, l’Union des Mineurs vient de déclarer la grève, j’en suis le secrétaire, je ne peux pas jouer à la fois deux rôles si opposés !

— Sous quel prétexte faites-vous grève ? demanda Archer.

— Nous voulons plus d’argent, répondit Braintree froidement ; quand deux sous n’achètent plus qu’un petit pain d’un sou, il nous faut deux sous pour le payer. C’est ce qu’on appelle les « répercussions économiques ». Mais ce qui importe encore plus à l’Union, c’est sa reconnaissance.

— Reconnaissance de quoi ?

— Eh bien, il paraît que les Trade-Unions n’existent pas. Elles sont une tyrannie insupportable, elles menacent de détruire toute l’industrie anglaise, mais elles n’existent pas. La seule chose dont leurs adversaires les plus ardents, et Lord Seawood en tête, soient certains, c’est qu’elles n’existent pas. Donc, pour suggérer qu’il est possible, malgré tout, qu’une telle entité existe, nous maintenons le droit de grève.

— Et sans doute aussi celui de laisser tous les malheureux consommateurs sans charbon ! s’écria Archer avec chaleur ; je m’imagine que vous trouverez l’opinion publique un peu montée contre vous. Si vous ne voulez pas extraire le charbon et que le gouvernement ne sache pas vous y contraindre, nous trouverons des gens pour le faire à votre place. Moi, par exemple, je répondrais d’une centaine de types d’Oxford, de Cambridge ou de la Cité qui ne regarderaient pas à descendre dans la mine pour faire échouer votre complot.