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Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/208

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suggéré que la masse d’armes posée sur la table du Parlement pourrait servir de gourdin pour réprimer une émeute dans Parliament-Square ? Je pense qu’il en aurait fait le sujet d’un bon mot. Mais les hommes de la génération présente sont dépourvus d’humour.

— Notre ami le Roi d’Armes est complètement dépourvu d’humour, murmura Eden ; je me demande parfois s’il n’en est pas plus heureux ?

— Là, dit l’autre gentilhomme avec fermeté, je ne puis être de votre avis. Notre humour anglais, tel qu’on le trouve dans les meilleures pages du Punch, est…

À ce moment un valet de pied apparut silencieusement à l’entrée du pavillon, murmura quelques paroles rituelles et tendit un billet à son maître. Cette lecture changea l’expression douloureuse de Lord Seawood en une stupéfaction sincère.

— Dieu me bénisse ! dit-il, et il resta en contemplation devant le papier qu’il tenait à la main.

Car sur ce papier était tracé, d’une écriture haute et hardie, un message destiné à transformer en quelques jours la face entière de l’Angleterre, plus radicalement qu’aucune bataille livrée sur le sol anglais depuis des siècles.

— Ou notre jeune ami a réellement de grandes illusions, dit-il enfin, ou bien…

— Ou bien, dit Lord Eden, regardant le toit du pavillon, il a cerné la ville de Milldyke et s’en est emparé, a fait prisonnier l’état-major bolchéviste et ramène les chefs ici pour le procès.

— C’est tout à fait remarquable, dit l’autre gentilhomme. Est-ce que vous saviez déjà la chose ?

— Je n’en savais rien du tout, répondit Eden ; mais cela me paraissait fort vraisemblable.

— Curieux ! répéta Lord Seawood. Moi qui croyais