Aller au contenu

Page:Chesterton - Le Retour de Don Quichotte.djvu/23

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qui de plus bas et de plus vil qu’un garçon d’office. Et si j’échoue, je descendrai plus bas encore, et je demanderai au bibliothécaire. Mais au fait ! c’est cela ! Le bibliothécaire !

Et, avec une impétuosité soudaine, il lança sa lourde brosse de l’autre côté du salon et sortit en courant dans le jardin, suivi par Archer stupéfait.

Il était de très bonne heure, car les amateurs s’étaient levés quelque temps avant le déjeuner pour répéter ou pour peindre. Braintree se levait toujours tôt pour écrire et envoyer à un journal travailliste du soir un article raide, pour ne pas dire rageur.

Dans les coins les plus reculés, la lumière blanche avait encore de ces reflets rose-pâle qui ont amené les poètes à attribuer à l’aurore, non sans imagination, des doigts de rose.

Le château s’élevait sur une hauteur qui s’abaissait de deux côtés sur la Severn. Les terrasses, bordées de bouquets d’arbres tout couverts de fleurs printanières, avec leurs grands parterres dessinant des motifs héraldiques, à la fois nets et gais, voilaient légèrement et ne masquaient pas les courbes grandioses du paysage. Au long de ses lignes, les nuages s’enroulaient et s’élevaient comme de la fumée d’artillerie ; on eût dit que le soleil bombardait silencieusement les sommets de la terre ; le vent et le soleil polissaient les pentes gazonnées.

Sur le point culminant se dressait comme par hasard une vieille pierre grise tirée des ruines de l’abbaye qui s’élevait autrefois en cet endroit. Au delà était l’angle d’une aile plus ancienne du château, vers laquelle se dirigeait Murrel.

Archer possédait cette élégance théâtrale de tournure aussi bien que de vêtements, qui ressort dans