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Page:Chevalier - Les Pieds-Noirs, 1864.djvu/219

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CHAPITRE XXXII

Pourquoi le corbeau croassa


Kenneth Iverson et Tom Slocomb suivirent Saül Vander à grandes et rapides enjambées. Le soleil descendit à l’horizon, et l’ombre ne tarda guère à envelopper la forêt. Parfois, le guide ralentissait sa course, de peur de fatiguer nos piétons.

— Ça ne me semble pas tout à fait juste de vous voir trotter comme des chiens, tandis que je me laisse mener comme un Turc fainéant, dit-il tout à coup.

— Oh ! repartit Tom, nous nous dédommageons par les gémissements que vous poussez à chaque pas du cheval.

— Quand l’exercice m’aura échauffé, je n’y ferai plus attention, répondit philosophiquement le guide.

Ils marchèrent en causant ainsi, pendant plusieurs heures, à travers le bois que les ténèbres couvraient complétement.

— Autant que je puisse calculer, dit Saül, s’adressant à Florella qui, suivant ses instructions, se tenait aussi près de lui que possible, il est environ minuit. Nous avons fait un bon bout de chemin depuis le coucher du soleil, et nos compagnons doivent être fatigués. Nous allons nous arrêter un peu, n’est-ce pas, jeune femme ?

— Qu’est-ce qu’il y a maintenant ? demanda Tom.

— Pas grand’chose. J’aimerais seulement à bien connaître le terrain aux environs. Les Indiens ne rêvent que le mal, vous comprenez ; je crains qu’ils ne nous laissent pas arriver tranquillement au fort.