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LES FEMMES DE LA COMMUNE

suader de ce beau projet fut inutile ; elle fit des lectures à Montmartre et y commença sa carrière publique.

» De ce moment je la vis de moins en moins. J’en éprouvai un grand chagrin, mais je désespérais de la sauver. Elle prit une pension à Montmartre. Je la rencontrai deux ou trois fois aux examens et je la trouvai chaque fois plus descendue. Ses manières et son langage se ressentaient du milieu qu’elle hantait. La guerre vint. J’appris par la rumeur publique ses folies et ses crimes, et je ne puis penser à elle sans une douloureuse émotion. Il est toujours cruel de voir tomber une âme. Lorsqu’elle tombe par l’exagération de tant d’aimables qualités, cela est encore plus pénible. Je ne saurais assez remercier l’écrivain honnête homme qui flétrirait comme ils le méritent ces prétendus sauveurs de la société, ces amis du peuple, habiles à se servir des cœurs généreux qu’ils dupent, et qui ne craignent pas de répondre à ceux qui osent leur reprocher de perdre la vie d’une femme, et de s’en faire un drapeau : Que voulez-vous, il faut bien que quelqu’un marche en avant, il nous en faut comme cela pour entraîner les masses (Textuel).

» Aucun de ceux qui ont connu Louise, je parle du passé, ne pourrait l’accuser d’un défaut ; elle