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Page:Chincholle - Les Survivants de la Commune, 1885.pdf/203

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LES FEMMES DE LA COMMUNE

poing levé. Que se serait-il passé ? Dans de pareilles situations, on ne se rend compte de rien. Un vague instinct vous dit seulement qu’il faut tout d’abord songer à sauvegarder sa dignité. En ce moment, deux citoyens me saisissent chacun par un bras. Étaient-ils amis ou ennemis ? Le confrère que je vais nommer prétend que l’un au moins voulait me jeter dans la Seine. Autour de : moi, en effet, on criait : « À l’eau ! » Je suis cependant certain d’avoir entendu l’autre me dire tout bas : « Laissez-vous conduire, citoyen, il ne vous sera rien fait. » Qu’ils l’aient voulu ou non, ils m’ont toujours sauvé. Derrière moi, une voix criait : « N’approchez pas ou je tire » Je sens l’air me frapper au visage. J’étais dehors. Des gardiens de la paix se trouvaient devant la porte. Les deux citoyens, sans attendre mes remerciements, rentrent dans la salle. Je me retourne. Derrière moi, était l’excellent Berr, de la Liberté, un ancien soldat qui n’a pas froid aux yeux et qui avait le revolver au poing. C’était lui qui, en marchant à reculons derrière moi, et en faisant éventail avec son revolver, m’avait protégé contre les poings menaçants.

Mon gros Berr, merci.

Mais je reviens à notre héroïne.

Un jeune ami de Louise Michel, M. Giffaut, de