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Page:Chincholle - Les Survivants de la Commune, 1885.pdf/212

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LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

Saint-Denis a eu bien des fortunes contraires et vu bien des visages d’expression différente. Jadis les grands seigneurs allaient y faire la retraite. Pendant la première Révolution, les victimes de la politique y furent enfermées et, non loin des prostituées qui y subissent maintenant leur peine, Louise Michel pouvait songer à André Chénier attendant l’échafaud.

Elle était — « à la pistole » ». Au premier étage de la vaste prison, elle occupait à elle seule, une petite cellule de trois mètres sur quatre, n’ayant qu’une porte et une fenêtre.

La fenêtre grillée, et exceptionnellement garnie de rideaux blancs, donne sur une cour intérieure. La prisonnière n’avait qu’à l’ouvrir pendant les heures de récréation pour voir — spectacle qui devait la stupéfier ! — ses voisines de captivité se promener entre les arbres de la cour, un chapelet à la main. Oui, au contact des sœurs, les pierreuses qui récemment encore montraient tant d’audace, dans le faubourg Montmartre ou sur les boulevards, sont si bien transformées qu’elles ne veulent plus se souvenir que de l’enfance, où elles priaient.

Ii est vrai que les sœurs sont leurs seules gardiennes. On remplacera peut-être celles-ci dans tous les hôpitaux. Il sera difficile de les chasser de