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Page:Chincholle - Les Survivants de la Commune, 1885.pdf/219

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LES FEMMES DE LA COMMUNE

D. Vous prétendez qu’on a le droit de voler du pain quand on à faim ? — R. Oh ! quant à moi, je ne demanderai jamais de pain à la République, pour laquelle j’ai combattu toute ma vie. Si jamais je meurs de faim, je lui jetterai ma vie, mais je ne lui tendrai pas la main.

Ce n’est donc pas ma faute si on s’est arrêté devant les boulangeries. Je n’ai excité personne. Ce que je voulais, c’était faire défiler dans Paris les ouvriers sans ouvrage. Rien de-plus. Est-ce ma faute si, malgré tout ce qu’ont fait nos pères, nous sommes toujours comme à la veille de 89 ?

M. le président, — Votre bande a encore pillé les boulangeries de M. Augereau, rue du Four, et de M. Morisset, boulevard Saint-Germain ; on a cassé les vitres, brisé les assiettes à gâteaux et jeté le pain dans da rue. Partout vous avez donné le signal du pillage.

— R. Je le nie… mais j’étais sous une impression pénible. La rue ressemblait à une ruche pleine d’abeilles, et je songeais que celles-là qui font le miel ne le mangent jamais. Je suis restée pour manifester en faveur des meurt-de-faim.

D. Pouget et Mareuil ont été arrêtés par la police. Vous, vous êtes montée dans un fiacre et vous avez disparu. On ne vous a retrouvée que plus tard. — R. Mes amis m’ont enlevée. Ils ne voulaient pas que je fusse arrêtée ce jour-là. Mais il n’est pas dans mon caractère de fuir. Une autre fois, je resterai.

Ici l’on voit apparaître les princes d’Orléans.