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Page:Chincholle - Les Survivants de la Commune, 1885.pdf/239

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LES FEMMES DE LA COMMUNE

le même. Des crises nerveuses alternaient avec des accalmies. Pendant les premières, qui ressemblaient à des accès de folie, la malade s’imaginait qu’on venait chercher sa fille pour la reconduire en prison. C’est alors que Louise Michel elle-même devenait folle et se figurait, de son côté, que les croque-morts venaient enlever le corps de sa mère. On voit que la situation n’était pas précisément gaie pour les deux agents de la sûreté qui gardaient la prisonnière. Ils ont pourtant eu droit à tous les éloges. Ils ont fait leur métier avec le plus grand dévouement et ont plutôt été des garde-malades que des policiers.

Donc, le premier janvier, dès le matin, la petite-nièce de madame Michel, qui, depuis quatre ans vivait auprès d’elle, a couru à la librairie voisine où l’on avait retenu le Journal officiel. La prisonnière a vite parcouru la rubrique des actes officiels. Son nom n’y figurait pas… ce qui s’explique d’ailleurs, puisqu’on se contente d’y mettre le nombre de grâces accordées, et jamais les noms des graciés. Madame Michel mère attendait, anxieuse. Depuis une quinzaine de jours on lui disait :

— Votre fille sera graciée.

À sa visite, M. Clémenceau, qui s’était renseigné, apprit que rien encore n’était décidé.