Aller au contenu

Page:Chincholle - Les Survivants de la Commune, 1885.pdf/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
92
LES SURVIVANTS DE LA COMMUNE

camarades du 15e bataillon, il se montra même assez froid au Bourget. Comme tant d’autres, il ne se sentit brave que contre ses compatriotes. Il fut, en qualité de fédéré, condamné par le conseil de guerre ; mais il avait déjà passé la Manche quand le jugement le frappa. Il entra, comme mécanicien, dans une usine de Londres, où il gagna largement sa vie.

Au lendemain de l’amnistie, il revint à Paris et trouva tout de suite de l’ouvrage.

Non, mais, là, de quoi se plaint-il ? Que veut-il ?

Ce qu’il veut ? Ah ! ses propres amis le savent bien. Joffrin, qui flotte aujourd’hui entre trente-huit et quarante-deux ans, est dans l’âge de l’ambition. Lui aussi est piqué de la tarentule politique. Il essaye de jouer aujourd’hui l’ancien jeu de Gambetta. En 1869, on pouvait se faire remarquer en criant : Vive la République !

En 1885, le cri de : Vive la Commune ! serait lui-même démodé. Joffrin pousse le cri de l’avenir : Vive la Collective !

Comme on l’applaudit, il est content. On affirme que, pour récolter plus de bravos, il forcerait encore, tant qu’on voudrait, ses sentiments socialistes.

Il s’en faut pourtant que ses partisans l’acclament toujours. Certain soir, nous avons senti