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Page:Chivot, Duru - Lîle de Tulipatan.pdf/5

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L’ÎLE
DE TULIPATAN




Le théâtre représente un parc. — À gauche, l’entrée d’une maison de riche apparence. — À droite, un petit pavillon. — Table et chaises de jardin.




Scène PREMIÈRE

THÉODORINE, entrant et s’adressant au public.

Est-ce que ça se voit ? hein ?… Est-ce que ça se voit ?… Ma figure est-elle toujours placide ? Oui… allons tant mieux, car depuis dix-huit ans je cache dans les profondeurs de mon âme, un secret qui me tue !… Ce secret, — que personne ne connaît… heureusement ! car s’il était connu, il est évident que ce ne serait plus un secret, — ce secret, dis-je, c’est surtout à mon mari que je dois le cacher… (s’interrompant et au public.) Eh bien non… Ce n’est pas ça… je n’ai jamais manqué à mes devoirs d’épouse… Jamais ! jamais !… (Avec bonhomie.) Parole d’honneur… Du reste ce ne serait rien… rien du tout… C’est bien plus fort que ça !… Et ne pouvoir le dire, ne pouvoir le transvaser dans le sein d’une amie… Oh ! les secrets, c’est comme les gros vins du Midi, quand ça a trop de bouteille ça s’aigrit ! Le mien a besoin d’être soutiré… je vais toujours me le dire à moi-même pour me soulager. Voilà ce que c’est. Le tambour battait…

ROMBOÏDAL, au dehors.

Ma femme !… Où est ma femme ?…