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Page:Choderlos de Laclos - Les Liaisons dangereuses, 1869, Tome 1.djvu/49

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DANGEREUSES.

dre, à laquelle vous-même êtes convenu qu’il était si difficile de résister. La même cause produisit le même effet ; je fus vaincue une seconde fois. Dès ce moment, je ne m’occupai plus que des moyens d’éviter qu’il pût me trouver un tort. Je sors pour affaire, lui dis-je avec un air un peu plus doux, & même cette affaire vous regarde ; mais ne m’interrogez pas. Je souperai chez moi ; revenez, & vous serez instruit. Alors il retrouva la parole ; mais je ne lui permis pas d’en faire usage. Je suis très-pressée, continuai-je : laissez-moi ; à ce soir. Il baisa ma main & sortit.

Aussitôt, pour le dédommager, peut-être pour me dédommager moi-même, je me décide à lui faire connaître ma petite maison dont il ne se doutait pas. J’appelle ma fidèle Victoire. J’ai ma migraine ; je me couche pour tous mes gens ; &, restée enfin seule avec la véritable, tandis qu’elle se travestit en laquais, je fais une toilette de femme de chambre. Elle fait ensuite venir un fiacre à la porte de mon jardin, & nous voilà parties. Arrivées dans ce temple de l’Amour, je choisis le déshabillé le plus galant. Celui-ci est délicieux ; il est de mon invention : il ne laisse rien voir, & pourtant fait tout deviner. Je vous en promets un modèle pour votre présidente, quand vous l’aurez rendue digne de le porter.

Après ces préparatifs, pendant que Victoire s’occupe des autres détails, je lis un chapitre du Sopha, une lettre d’Héloïse et deux contes de La Fontaine, pour recorder les différents tons que je voulais pren-