Page:Choiseul-Meuse - Amélie de Saint-Far, ou la fatale erreur, 1808.djvu/362

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Il serait impossible de décrire les diverses émotions qui agitaient Alexandrine ; elle avait, au plus fort de sa colère, entendu les soupirs du couple odieux, leurs mouvemens précipités, le bruit de leurs baisers ; tout annonçait l’excès de leurs plaisirs ; et le silence, qui succéda, lui apprit qu’il ne manquait plus rien à leur félicité.

Alexandrine s’aperçut, avec un dépit extrême, que ses sens, enflammés par ce tableau voluptueux, commençaient à triompher de sa colère ; elle regrettait d’avoir abandonné le théâtre des plaisirs à sa trop heureuse rivale : En le lui disputant, se disait-elle, j’aurais du moins partagé son bonheur, et je ne serais pas réduite à la douloureuse humiliation de voir une autre cueillir tous les myrtes qui ne devaient éclore que pour moi.