Page:Choiseul-Meuse - Julie, ou J’ai sauvé ma rose, 1807.djvu/12

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
( 6 )

pas assez de délicatesse pour en sentir le prix.

Je vous entends, Armand, me demander quel danger je cours en me rappelant des plaisirs délicieux ? N’avez-vous jamais éprouvé l’effet qu’un rêve enchanteur produit sur les sens ? Il enflamme, il transporte ; on croit jouir de la félicité suprême ; et, lorsque l’illusion du sommeil se dissipe, on soupire après la réalité ; tel est l’effet de l’imagination : lorsqu’elle n’est pas retenue, elle cause les plus grands maux, ainsi que les plus grands plaisirs ; je crains la mienne, cher Armand ; vous savez combien elle est vive ; ce n’est pas sans de pénibles combats que j’ai triomphé de mon penchant à l’amour ; souvent une flamme secrète me tourmente, et je tremble de la rallumer par un récit trop fidèle,