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Page:Choquette - Claude Paysan, 1899.djvu/232

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Claude Paysan

de… il n’est pas encore rentré au logis. Et elle s’en allait déjà.

Jacques allumait sa lanterne et se mettait sans rien dire à la suite de la pauvre vieille Julienne qui se hâtait toute courbée et raidie contre les rafales, ses jupes plaquées sur les jambes.

Tout à coup, elle s’arrêtait les bras tendus et écartés pour retenir Jacques et elle écoutait haletante…

Non, rien encore… Elle appelait… Aucune réponse ; seulement le vent qui faisait partout hou… hou…

Alors elle repartait encore plus vite. Devant elle, sur la terre grise, dans la lumière de la lanterne, elle découpait en ombres agrandies ses gestes affolés, ses mouvements en saccades. Jacques, lui, la suivait toujours sans parler, car il sentait qu’il se passait quelque chose de tragique.

… Soudain, la pauvre chaumière abandonnée qui jaillissait de dessous les arbres…

Par la porte, laissée ouverte à son départ, elle appelait encore son fils en passant, puis elle faisait de nouveau le tour du jardin, de la cour, descendait sur la grève… Ciel ! le canot de Claude n’y était point… et ce déchaînement de vagues furieuses, d’embruns en rage qui s’allongeaient comme pour la happer… et hou… hou… hou…, au-dessus d’elle, là-bas, partout…

Une idée nouvelle lui venait brusquement dans la tête… p’tit Louis… Oui, p’tit Louis savait peut-être…

Toujours sans parler à Jacques, sans même le re-