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Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/215

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rien à craindre, de ſon mari, quand même il ſeroit le plus éclairé de tous les hommes. Je ſuis à vous, lui dis-je, & je ſuivrai tout ce que vous jugerez à propos de m’ordonner ſur ce chapitre. Je connois, pourſuivit-il, parfaitement l’eſprit d’Oronte ; il n’eſt ni bon, ni mauvais, mais capable de toutes ſortes d’impreſſions : je veux le gagner dans peu, d’une telle maniere, qu’il n’aura point de meilleur ami que moi : je pénétrerai ſes penſées les plus cachées, & je le ménagerai ſi bien, que je ſerai de ſa confidence la plus ſecrete. Enfin, Tullie, continua-t-il, remettez tout entre mes mains, & n’appréhendez point : prenez ſeulement garde de ne rien faire ni dire, qui puiſſe donner le moindre ombrage de nos divertiſſements. Je ferai bien mon perſonnage, lui dis-je ; il ſuffit que je vous aye dit que je vous ſerois obéiſſante. Eh bien, reprit-il, donnez-m’en une preuve à préſent, embraſſez moi ; je le veux bien, lui dis-je : je demande le plaiſir parfait ; je ne dis rien : quoi ! me refuſerez-vous de la ſorte, dit-il ? Uſez de votre droit, dit Sempronie ; voulez-vous qu’elle vous monte elle-même ſur elle ? ne craignez rien, je vais faire la ſentinelle à la porte. Auſſi-tôt qu’elle ſe fut retirée, il me renverſa ſur le lit ; & ſe jettant ſur moi, il