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Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/223

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moi, continua-t-il, je crois qu’un mari peut s’aſſurer de l’honnêteté de ſa femme ſur ſa bonne foi ; qu’il peut s’en rapporter aux ſoins des domeſtiques, mais je penſe que le plus ſûr : c’eſt d’en confier la garde à un cadenat. La foibleſſe de la femme eſt grande ; les ſerviteurs peuvent être corrompus : mais une ſerrure eſt à l’épreuve de toutes les tromperies. Je ſuis de votre ſentiment, dit Oronte, & j’ai déja donné ordre à Dominico ; orfevre fameux de cette ville, de travailler à une ceinture pour ma Tullie. C’eſt ſagement fait, reprit Cléante ; & j’en ſuis d’autant plus aiſe, que voulant lier avec vous une étroite amitié, je n’aurai plus rien qui puiſſe la troubler : car je vous avouerai, continua-t-il, que comme nous ſommes la plupart un peu ſoupçonneux, & ne pouvant pas me diſpenſer, en vous voyant, d’être ſouvent avec Tullie, j’aurois craint que cela ne vous eût donné Martel en tête ; ce qui m’auroit tenu dans une gêne extrême. Mais après que vous l’aurez revêtue de la ceinture, il n’y aura plus rien à craindre de votre côté, & je n’aurai auſſi rien à appréhender du mien. Au reſte, continua-t-il, permettez-moi d’aller demain en ville, pour être ici de retour le jour d’après, parce que je dois recevoir des lettres d’importance ; vous ſa-

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