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Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/340

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dont la malignité s’eſt répandue dans les cœurs des hommes : que ceux néanmoins qui ſont au-delà des Alpes, y ſont moins ſujets que les autres, & que les Italiens & les Eſpagnols y ſont les plus adonnés. Ces derniers tâchent de nous perſuader, que c’eſt un jeu qui n’a rien de malhonnête, & dont l’uſage a été reçu chez toutes les nations bien policées. Ils n’ont pas de peine à nous le prouver ; car nous ſavons que les Grecs, qui ont infiniment d’eſprit, y ont excellé, & ont pouſſé cette badinerie juſques dans l’excès. Ils rendirent à Callipiga, à cauſe de la beauté de ſes feſſes, les mêmes hommages qu’à Vénus : elle n’avoit néanmoins rien dans le viſage, qui dût lui attirer ces adorations ; & ſi les Syracuſains lui dédierent un temple, on peut dire que ce ne fut qu’en conſidération de ſon derriere. Je crois, Octavie, que ſi tu avois été de ce temps-là, on t’auroit eue en vénération pour le même ſujet, & qu’on t’auroit érigé des autels.

Octavie.

Ce ſont des contes. Mais je veux que mes feſſes ſoient belles comme tu le dis, qu’elles ſoient agréables à voir, à manier, à baiſer même : ſi tu veux, je ne m’y oppoſe point ; mais