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Page:Chorier - L’Académie des dames, 1770.djvu/421

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devroient être goûtés que de nous deux. Ne voulant donc point avoir d’aſſocié dans mes amours, j’ai conſeillé Théodore de tenter fortune auprès d’Octavie, & je lui en ai fait eſpérer une bonne iſſue. En achevant ces paroles, il la renverſa ſur le lit : O mon Amour ! diſoit-il, anime par tes baiſers ces mouvements à demi-languiſſants. Je veux mal, reprit-elle, à cette robe ridicule, qui me cache les beautés de ton corps. Ah ! que cet habit eſt incommode ! à quoi bon le faire d’un ſi grand volume ? releve-le donc. Il obéit, & elle vit auſſi-tôt cet inſtrument philoſophique qui commençoit à prendre feu ; elle l’apoſtropha plaiſamment. Ah ! voilà, s’écria-t-elle, ce ſuperbe Roi des Vits, qui eſt à préſent lâche, ſans courage, & à demi abattu ! regarde ton ennemie, diſoit-elle, qui t’appelle en duel, & te défie au combat. Ah ! ma chere Sempronie, reprit Chriſogon, ſi tu veux qu’il ſoit bientôt en état, quitte ces vêtements, qui ne ſont pas moins incommodes que les miens ; tu es plus belle toute nue, qu’avec tout ces vains ornements. Elle les quitta, & il ne lui reſtoit plus que ſa chemiſe, qu’il tira lui même. Elle baiſſa les yeux quand elle ſe vit toute nue. Ah ! Tullie, qu’elle a le corps blanc & bien proportionné !