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Page:Christensen - L'Empire des Sassanides, le peuple, l'état, la cour.djvu/26

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dans les différentes parties du royaume, peut-être principalement dans les pays médo-parthes qui avaient formé le noyau de l’Empire des Arsacides, et dans la Perse proprement dite, pays d’origine des Sassanides, où les terres de ces familles se touchaient de bien près, et que la formation de vastes possessions continues n’a pas été possible. C’est là aussi, probablement, une des causes principales de ce que les grands seigneurs prennent, au cours de cette période, de plus en plus le caractère d’une noblesse de robe et de cour en perdant celui d’une vraie noblesse féodale. La connection antique des visbedhs ou vispuhrs avec le village (vis) ne se perd pas tant que la société ancienne existe: quand le lieu d’origined’un de ces seigneurs terriens est mentionné, c’est généralement un village qu’on nomme.

Certainement la noblesse féodale n’a pas été formée exclusivement par les sept grandes familles. Faustus de Byzance mentionne[1] un général du nom de Dmavund, dont le nom de famille était Kâvôsakàn (probablement d’après le roi légendaire Kaî Kâvos). Nombre de patronymiques ayant la terminaison -an auront désigné des familles feudataires ou des lignes de telles familles. Mais, en somme, les parties du pays qui étaient entre les mains de la haute noblesse en qualité de fiefs n’auront guère eu une étendue considérable en comparaison de la part qui dépendait directement de l’Etat et qui était administrée par les gouverneurs royaux.

Les grandes familles furent «enregistrées dans les livres et les archives"[2], et la royauté avait soin d’assurer leur existence, ainsi en défendant aux gens du peuple indépendants d’acheter les biens de la noblesse. Néanmoins quelques familles disparurent au cours des siècles, et, d^autre part, le roi a eu, sans doute, le droit d’élever d’autres familles à la haute noblesse féodale. «La ruine de la famille et de la hiérarchie se fait de deux façons, dit la lettre de Tansar[3]; tantôt ce sont les hommes qui ruinent une maison et transfèrent ailleurs le rang; tantôt c’est la seule action du temps qui, sans effort des étrangers, lui enlève sa considération, sa gloire et sa puissance. Des générations indignes apparaissent, s’imprègnent de mœurs ignobles, oublient la dignité de leur rang et perdent tout prix aux yeux du peuple. Tout comme les gens de métier, elles s’occupent à acquérir du bien et ne songent pas à amasser un trésor de bon renom. Elles s’unissent avec la basse classe et non plus avec leurs égaux, et de ces unions sortent des vilains qui ensevelissent la dignité de la famille.

Quant à la vie de la haute noblesse et à la façon dont elle cultivait ses terres, très peu de détails nous sont parvenus. Une notice bien intéressante sur le premier ministre Mihr Narsé et sa famille est donnée par Tabari (Nœld. pp. 109—12). Dans ses villages Âbruwân et Gîreh cet homme puissant fit construire de hauts édifices et un temple du feu qui exista pendant des siècles après la fin de l’Empire sassanide, et qui fut appelé d’après son auteur: Mihr Narsiyân. Aux environs d’Abruwàn il

  1. Langlois I, 262.
  2. Lettre de Tansar pp. 222 et 527.
  3. pp. 222 et 526—27.