Aller au contenu

Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/262

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
246
CHAPITRE XVIII.

en prison centrale, et nous dirons ailleurs comment ses bâtiments remplis de détenus, ses cours divisées et couvertes d’ateliers, furent aménagés pour la triste destination à laquelle la vieille forteresse se prêtait trop bien par les sûretés de son enceinte, dont la force, devenue inutile pour une résistance extérieure, fut tournée tout entière contre ceux qui étaient dedans.

En 1818, la maison centrale de Dourdan fut transportée à Poissy, et le château, dont la tour continua plusieurs années à servir de prison communale, fut mis à la disposition de la famille d’Orléans, à laquelle la forêt de Dourdan avait été de nouveau affectée comme partie d’apanage. La liste civile y installa l’inspecteur des forêts. Messieurs Houssaye, de Violaine, de Lagrave, s’y succédèrent en cette qualité. C’est M. Houssaye qui obtint de faire démolir le bâtiment de M. de Sancy. Il était dans un déplorable état depuis que les prisonniers y avaient passé, et messieurs les inspecteurs n’étaient pas fâchés de supprimer la possibilité d’un retour. À la place, des arbres furent plantés, et les deux tours, celle d’angle et celle du milieu, furent rasées, comme le mur, à la hauteur de la terrasse, et comblées de terre. Le château était devenu un pêle-mêle assez confus. L’administration forestière occupait, en même temps qu’une partie du bâtiment du grenier à sel, les deux tours de l’entrée et le dessus du portail, dont les combles et les charpentes renouvelés avaient été baissés de plusieurs pieds. La grande porte avait reçu une ornementation de circonstance et était décorée des têtes grimaçantes de loups tués dans la forêt. La cour, divisée en deux par un mur, servait d’un côté de jardin à l’inspecteur, de l’autre de récréation à l’école communale. On avait, en effet, affecté aux classes de cette école une portion du bâtiment du grenier à sel, et pour donner aux enfants une entrée spéciale, on avait fait une ouverture dans la tour du milieu, du côté de la rue de Chartres, et construit un pont de pierre donnant accès sur cette rue. Le maître d’école avait une petite maison, non loin de la grosse tour, en face de l’entrée de la casemate convertie en lieux d’aisance, et derrière un autre mur était le préau de la prison. Les fossés, loués à des particuliers des rues voisines qui avaient ouvert une entrée souterraine, ou transformés en terriers, servaient à la culture des légumes ou aux pacifiques ébats des lapins, et de la tour d’angle, disposée en un vaste colombier, en face de l’hôtel du Croissant, s’échappaient des volées de pigeons qui se répandaient sur tous les toits des environs.

L’inspection des forêts ayant été transférée de Dourdan à Rambouillet, le château, devenu inutile à la liste civile, fut par elle mis en vente et adjugé le 24 mars 1852. La bande noire, quelques spéculateurs avaient déjà calculé les profits possibles d’une démolition qui, vu la nature et la résistance de la construction, les eût à coup sûr ruinés. Un bon citoyen de Dourdan, homme modeste et dévoué, ne recula pas devant la tâche difficile et coûteuse qui s’imposait à l’acquéreur d’une propriété si étran-