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Page:Chronique d une ancienne ville royale Dourdan.djvu/382

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APPENDICE II.

feuillagé, son grand pignon à jour malheureusement détruit vers le haut. A l’intérieur, règnent une nef principale et deux nefs latérales se terminant carrément à la hauteur du sanctuaire et comptant six travées. Les cinq travées de l’abside percées de leurs grandes verrières illuminent le chœur. De sveltes piliers s’élancent en faisceaux de douze colonnes. Vingt-deux stalles de bois sculpté du xive et xve siècle portent des sujets variés et des figures en prière. Une porte architecturale, d’admirables vitraux presque détruits, quelques épitaphes des seigneurs de Saint-Pol, un charmant sonnet de Gilles du Couldrier à sa fille de dix-neuf ans (1604), attirent et captivent l’œil de l’antiquaire. L’édifice est classé parmi les monuments historiques et il ne manque que de l’argent pour le réparer comme il le mérite[1].

Avant le xiie siècle, Favières dépendait de la châtellenie de Montlhéry et passa, par usurpation, sous la prévôté d’Étampes. Arraud du Chesnay en était seigneur au xiiie siècle, Antoine du Bourg sous François Ier, Claude Daubray au xviie siècle. Englobé dans le marquisat de Bâville, Saint-Sulpice releva des Lamoignon, avec les fiefs de Harville, Mauprofit, etc. Signalons, dans la paroisse, les fiefs des Jurodières, d’Escury, de Taillegrain,[2] de Guillerville, appartenant aux de Saint-Pol, et particulièrement la belle terre de Segrez avec son parc renommé, ses belles eaux, ses grottes, ses cascades du siècle dernier, et sa magnifique collection botanique d’aujourd’hui[3].

Saint-Yon et sa montagne offrent un poste célèbre et le plus bel observatoire des environs. Sur le haut d’une butte sablonneuse et escarpée, les possesseurs de la contrée ont eu de tout temps leur forteresse. Quelques vestiges de fossés, les ruines de trois portes connues encore au siècle dernier sous le nom de portes de Paris, de la Folie et de Bourdeaux, la disposition du sol, tout annonce l’emplacement d’un ancien oppidum devenu plus tard celui d’un château féodal. D’obscures légendes enveloppent les origines du village. L’apôtre martyr Œonius aurait donné son nom à la montagne qui lui sert de tombeau, désignée aussi par le nom problématique d’Hautefeuille. Sur l’oratoire du saint, le prieuré aurait été bâti au xie siècle, desservi par des religieux de la Charité-sur-Loire, de l’ordre de Cluny. Une église du xviie siècle a remplacé l’ancienne. On peut lire dans l’abbé Lebœuf la description de quelques pierres tombales et la liste, depuis le xiie siècle, des seigneurs de Saint-Yon, hommes-liges du roi, relevant de Montlhéry. C’est aux Saint-Yon, ces terribles bouchers bourguignons, possesseurs du lieu, qu’on

  1. Voir la notice de M. Patrice-Salin. — Paris, Adrien Le Clere 1865 in-folio. — M. le baron de Guilhermy a consacré à ce monument ses patientes et savantes études.
  2. Archives de Seine-et-Oise. E. 8.
  3. Consulter les charmants dessins du marquis d’Argenson à la bibliothèque de l’Arsenal.