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Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/16

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CHRONIQUE
DE
GUILLAUME DE NANGIS


[1113]

La mort de Sigebert, moine de Gemblours, excellent narrateur des temps et des affaires des royaumes, a mis fin à sa chronique. Elle a été continuée par le frère Guillaume de Nangis, moine de Saint-Denis, en France.

En cette année saint Bernard avec ses compagnons, au nombre de plus de trente, entra dans Cîteaux, sous l’abbé Etienne, la vingt-deuxième année de son âge. La langue de l’homme pourrait à peine exprimer avec quelle religion, quelle dévotion et quelle ferveur il y vécut. Aussitôt qu’il y fut entré il s’appliqua à faire subir à son corps une si rigoureuse discipline, qu’ensuite il fut attaqué pendant toute sa vie d’un grand nombre de maladies. Il arriva que, dans l’espace de peu de temps, l’abbaye de Cîteaux, auparavant pauvre et stérile de biens et d’habitans, enfanta un grand nombre de très-nobles abbayes.


[1114]

Dans le pays de Brabant, aux environs de Tournai, il tomba, le 23 avril, une telle abondance de neige, que, par son poids, elle brisa les arbres des forêts. Au mois de juin, à Ravenne et à Parme, villes d’Italie, une pluie de sang tomba dans les champs et dans les villes. Aux ides de