Aller au contenu

Page:Chronique de Guillaume de Nangis.djvu/257

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
242
CHRONIQUE

surtout par Jacques de Saint-Paul, à qui était confiée, comme nous l’avons dit plus haut, la garde de ce pays. La révolte n’éclata d’abord que parmi le commun peuple, mais ensuite les grands se soulevèrent aussi, et de part et d’autre il fut répandu beaucoup de sang. Comme à la nouvelle de cette sédition le roi avait aussitôt envoyé environ mille hommes d’armes pour la réprimer sans beaucoup de carnage, s’il se pouvait, voilà qu’aussitôt il parvint aux oreilles des gens de Bruges que ledit gouverneur s’était vanté de faire bientôt pendre un grand nombre d’entre eux. À cette nouvelle, transportés d’une farouche fureur, ils se précipitèrent impétueusement et à l’improviste pendant la nuit sur les gens du roi de France, endormis et sans armes, et tuèrent avec la plus grande cruauté tous ceux qu’ils trouvèrent. Ledit chevalier s’échappa à grand’peine par une fuite secrète. Cependant les gens de Bruges s’étant ainsi jetés dans la rébellion ouverte, aidés par Gui de Namur, fils de Gui, comte de Flandre, et par ses gens, s’emparèrent d’un certain port de mer. Favorisés et soutenus aussitôt par beaucoup d’autres, ils se préparèrent à une vigoureuse défense, et cherchèrent partout des auxiliaires. Voilà que l’illustre Robert, comte d’Artois, envoyé par le roi en Flandre avec une nombreuse multitude de chevaliers forts et vaillans et d’hommes de pied, campa entre Bruges et Courtrai pour livrer bataille aux gens de Bruges. Un jour du mois de juillet, comme les deux partis étaient sur le point d’en venir aux mains dans un combat à jour fixé d’avance, les gens de Bruges, dans un esprit d’énergique résistance, se rassemblèrent en