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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/137

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Si je veille tant à vos intérêts, vous devez à plus forte raison me seconder. Puis il montre que Dieu est pour beaucoup dans ces travaux. « Avec l’aide de sa vertu qui agit puissamment en moi ». Il prouve que c’est là l’ouvrage de Dieu. S’il me rend fort et robuste pour accomplir cette œuvre, c’est qu’il veut que je l’accomplisse. Et voilà pourquoi il dit au commencement de ce chapitre : « Paul, par la volonté de Dieu ». Ce n’est pas là seulement le langage de la modestie ; c’est celui de la vérité. « Dans mes luttes », cela signifie qu’il a beaucoup d’adversaires.
Puis, du ton le plus bienveillant, il dit à ses auditeurs : « Je veux que vous sachiez quelle est ma sollicitude pour vous et pour ceux qui sont à Laodicée ». (Chap. 2,1) Et, pour que cet intérêt ne ressemble point à un témoignage de leur faiblesse, il l’étend aussi à d’autres, sans les reprendre encore. « Et pour « tous ceux qui ne me connaissent pas encore « de vue ». Langage admirable dont le sens est qu’il les voit toujours en esprit ! Il leur témoigne beaucoup d’affection, et c’est pourquoi il ajoute : « Afin que leurs cœurs soient consolés, en se trouvant unis par la charité, et qu’ils soient remplis de toutes les richesses de l’intelligence, pour connaître le mystère de Dieu le Père, et de Jésus-Christ, en qui tous les trésors de la sagesse et de la science sont cachés ».
Il s’efforce ici d’aborder le dogme, sans les accuser, ni sans les disculper tout à fait. Je lutte, dit-il, et pourquoi ? Pour qu’ils forment une masse bien compacte, c’est-à-dire pour qu’ils soient fermes et stables dans la foi. Mais il n’expose pas ainsi sa pensée ; il retranche de son discours toute parole accusatrice. Il veut qu’ils soient unis par la charité et non par la nécessité, ni par la violence. Car, je le répète, c’est toujours sans aigreur qu’il les exhorte ; et voilà pourquoi il dit : Je suis dans l’angoisse, parce que je voudrais les mener avec le lien de l’affection, sans les contraindre. Je ne veux pas qu’ils soient unis seulement de bouche, ni qu’ils s’unissent inconsidérément et sans réflexion ; je veux que leurs cœurs soient consolés, « étant unis par la charité, pour être remplis de toutes les richesses d’une parfaite intelligence », c’est-à-dire pour qu’ils ne soient plus en proie au doute, pour que leur foi soit pleine et entière. Car c’est de la plénitude de la foi qu’il s’agit ici. Le raisonnement peut bien produire aussi la conviction ; mais cette foi-là n’a aucune valeur. Je sais que vous croyez ; mais je veux que vous soyez pleinement convaincus, de manière à posséder non seulement la richesse, mais « toutes les richesses », de manière à posséder la foi pleine et entière. Voyez l’habileté du saint apôtre. Il ne dit pas : Vous avez tort de ne pas avoir la foi, dans toute sa plénitude ; il ne les a pas accusés. Il dit : Vous ne savez pas comme je voudrais vous voir remplis d’une foi intelligente. Car, puisqu’il a parlé de la foi, n’allez pas croire, ajoute-t-il, que je parle d’une foi aveugle et inutile. La foi que je vous demande, c’est la foi jointe à l’intelligence et à la charité.
« Pour connaître le mystère de Dieu le Père et de Jésus-Christ ». C’est le mystère de Dieu, d’y être amené par Jésus-Christ. « Et de Jésus-Christ, en qui tous les trésors de la sagesse et de la science sont cachés ». S’il renferme en lui seul tous ces trésors cachés, il est arrivé à point, en arrivant aujourd’hui sur la terre. Que signifient donc les reproches de quelques insensés ? Voyez comme il parle à ces hommes simples : « En qui sont renfermés tous les trésors » : c’est-à-dire qui connaît tout. – « Cachés ». N’allez pas croire, en effet, que vous les possédez tous. Ce n’est point à vos yeux seulement, c’est encore aux yeux des anges qu’ils sont cachés. C’est donc au Christ qu’il faut tout demander ; c’est lui qui donne la sagesse et la science. Par le mot, « les trésors de la science », il fait allusion à leur richesse ; par le mot « tous », à l’omniscience du Christ ; par le mot « cachés », à son privilège. « Or je dis ceci, afin que personne ne vous trompe par des paralogismes exposés d’une manière persuasive (4) ».
3. Ce que je vous ai dit, poursuit-il, a pour but de vous empêcher d’interroger les hommes sur de pareils sujets. « Afin que personne ne vous trompe avec des paralogismes présentés d’une manière persuasive ». Quelle n’est pas, en effet, la puissance du sophiste, si sa parole est persuasive ? « Car, si je suis absent de corps, je suis néanmoins avec vous en esprit (5) ». La suite des idées amenait ces paroles : Si je suis absent de corps, je connais cependant ceux qui voudraient vous tromper. Le verset finit par un éloge. « Voyant avec joie l’ordre qui règne parmi vous et la solidité de votre foi en Jésus-Christ ». L’ordre dont il parle,