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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/161

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bien des devoirs que saint Paul vous impose. Les disciples ne sont pas toujours disciples ; car apprendre toujours, c’est ne savoir jamais. Ne venez pas à nous, comme si vous deviez toujours apprendre ; autrement vous ne saurez jamais. Venez à nous en disciples qui cesseront un jour d’apprendre pour devenir des maîtres à leur tour. Dans toute espèce de science, dans toute espèce d’art, je vous le demande, est-ce que tous ceux qui étudient n’attendent pas un terme à leurs études ? Oui, tous nous nous fixons ce terme. Toujours apprendre prouve qu’on n’a rien appris.
2. Voilà le reproche que Dieu faisait aux Juifs. « Ces hommes qui, depuis leur plus tendre enfance jusqu’à la vieillesse, sont toujours à l’école ». Si vous n’aviez pas toujours attendu la leçon d’un maître, vous n’auriez pas toujours marché à reculons dans la voie du progrès. Si, en trouvant parmi vous des auditeurs ayant encore besoin d’apprendre, nous en avions trouvé d’autres complètement instruits, nos efforts au moins vous auraient profité. Vous auriez un jour cédé la place à d’autres disciples et vous nous auriez secondés. Je vous le demande : si des écoliers en étaient toujours aux éléments, ne donneraient-ils pas beaucoup de mal à leur maître ? Jusques à quand passerons-nous notre temps à disserter sur la vie humaine ? Il n’en était pas ainsi chez les apôtres. Ils passaient d’une contrée à une autre, laissant à de nouveaux disciples leurs disciples anciens pour maîtres. C’est ainsi qu’ils ont pu parcourir l’univers entier ; ils n’étaient pas attachés à un lieu. Dans votre opinion, que de frères n’avons-nous pas dans les campagnes qui, aussi bien que leurs maîtres, ont encore besoin d’être instruits ? Mais vous me tenez cloué près de vous. Car, avant que la tête soit bien guérie, il est superflu de s’occuper du reste du corps. Vous vous reposez de tout sur moi. Tandis que nous nous chargeons de vous instruire, vous devriez à votre tour vous charger d’instruire vos femmes et vos enfants ; mais vous nous laissez toute la besogne. Aussi nous avons beaucoup de peine. « Vous instruisant », dit-il, « et vous exhortant les uns les autres par des psaumes, des hymnes et des cantiques spirituels ». Voyez comme Paul rend la sagesse abordable et facile. La lecture de l’Écriture sainte est un travail très pénible et très sérieux. Ce n’est donc pas l’histoire qu’il leur donne à lire ; mais il leur donne des psaumes à chanter, pour qu’ils trouvent en chantant de quoi se distraire et tromper leur ennui. « Par des hymnes », dit-il, « et par des cantiques spirituels ». Aujourd’hui ce sont les chants du démon, c’est la danse que vos enfants affectionnent : c’est un goût qui leur est commun avec les cuisiniers, les pourvoyeurs et les saltimbanques. Il n’est plus question de psaumes ; on rougit de les chanter, on les trouve ridicules et l’on s’en moque. De là toutes sortes de maux. Tel terrain, tel fruit, en effet ; un terrain sablonneux et chargé de matières salines produira des fruits de la même nature que lui, et il en sera de même d’un terrain doux et gras. C’est ainsi que tout ce que l’on apprend est une source de bien ou de mal.
Apprenez à l’enfant à chanter ces psaumes si remplis de sagesse. Ils lui parleront tout d’abord de la modération et de la tempérance, ou plutôt ils lui diront avant tout, dès le commencement du livre, qu’il ne faut pas fréquenter les méchants. C’est par là que commence le Prophète, quand il dit : « Heureux l’homme qui s’éloigne des impies ! » (Ps. 1,1) Et il dit ailleurs : « Je n’ai pas pris place dans cette assemblée de la vanité ». – « Le méchant, en sa présence, a été comme s’il n’était pas ; ceux qui craignent le Seigneur sont glorifiés ». (Ps. 25,4 ; 14,4) Les psaumes renferment en outre une foule de préceptes sur la nécessité de fréquenter les gens de bien et de commander à sa sensualité, sur le désintéressement, contre l’avarice, sur le néant de la richesse et de la gloire, et autres semblables matières. Lorsque, dès son plus jeune âge, l’enfant aura été nourri de ces leçons, il recevra peu à peu un plus haut enseignement. Les psaumes renferment tout ; mais les hymnes n’ont rien de mortel. Lorsque l’enfant aura fait son apprentissage en chantent les psaumes, il apprendra les hymnes qui se rapprochent encore plus du ciel. Ce sont les hymnes, en effet, que chantent les puissances célestes. « Les hymnes n’ont rien de beau », dit l’Ecclésiastique, « en passant par la bouche du pécheur ». (Sir. 15,9) – « Mes yeux sont fixés sur les fidèles qui habitent la terre, afin qu’ils soient un jour assis avec moi dans le ciel ». – « Celui qui sacrifie à l’orgueil n’habite pas dans ma maison ». – « Il me servait en marchant dans la voie de la sainteté ». (Ps. 100,6 ; 7,2)