Aller au contenu

Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/19

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

un jour le feu de l’enfer. Le nécessiteux qui s’alimente d’une partie de vos biens, sanctifie toutes vos autres richesses. Rappelez-vous comment une veuve a nourri le prophète Élie elle a bien moins donné que reçu ; elle a été nourrie plutôt que nourricière. De nos jours cela arrive aussi, et mieux encore. Ce n’est plus seulement une mesure de farine ou d’huile ; mais quoi ? Le centuple, mes frères, et la vie éternelle qui nous est donnée en échange de nos minces largesses : la miséricorde est si bien la nature même de Dieu ! Pensez donc à la nourriture spirituelle ; déposez dans la vie présente un levain pur et fécond ! – C’était une veuve, la famine régnait : rien ne l’arrête ; elle avait des enfants, et l’amour maternel ne la retient pas. Sa générosité l’élève aussi haut que la veuve de l’Évangile qui laissa tomber deux oboles dans le tronc du temple. Elle ne s’est pas dit à elle-même Quel avantage me vaudra ma conduite ? Cet homme, qui me demande, s’il avait usé de ses forces, n’aurait pas faim ; il eût pu conjurer cette sécheresse, et ne pas partager la misère générale ! Sans doute il a mérité lui-même la colère de Dieu ! Elle n’a pas eu de semblables pensées. – Voyez-vous comme il est beau d’être bienfaisant en toute simplicité et sans s’inquiéter avec – excès de la personne qui souffre le besoin ? Si elle avait voulu trop approfondir ; son esprit aurait hésité, elle n’aurait pas eu la foi. Ainsi Abraham, s’il avait voulu creuser et s’inquiéter, n’aurait pas reçu les anges. Car il est impossible, je le répète, impossible d’être bienfaisant pour un saint, quand on s’arrête à des doutes éternels. Au contraire on s’expose à obliger des trompeurs. Et pourquoi ? Le voici : l’homme pieux ne cherche pas à paraître tel, il ne s’enveloppe pas de ce manteau, dût-il être méprisé. L’imposteur, au contraire, qui s’en fait un art, a bien soin de se cacher derrière un masque de piété impénétrable. Aussi, tout en faisant le bien à des gens qui ne paraissent point être saints et pieux, on a la chance d’obliger les personnes pieuses, tandis qu’en cherchant trop ceux qui ont la réputation de vertu, on tombe souvent à faire du bien à des impies. Je vous en prie donc, agissons en toute simplicité. Supposons, en effet, que voilà un imposteur qui s’avance : vous n’avez pas mission de faire son examen. « Donnez », dit Jésus, « à quiconque vous demande » ; et ailleurs « N’oubliez pas le condamné à mort ! » Bien de ces gens qui subissent la peine capitale, n’y sont condamnés qu’après avoir été surpris en flagrant délit de crime. Et toutefois on vous dit : « Ne l’oubliez pas ! » Ainsi deviendrons-nous semblables à Dieu ; ainsi vraiment admirables à ses yeux, nous pourrons conquérir les biens immortels ; puissions-nous tous y parvenir, etc, etc.

HOMÉLIE II.

CAR DIEU M’EST TÉMOIN AVEC QUELLE TENDRESSE JE VOUS AIME TOUS DANS LES ENTRAILLES DE JÉSUS-CHRIST. – ET CE QUE JE LUI DEMANDE, C’EST QUE VOTRE CHARITÉ CROISSE DE PLUS EN PLUS EN LUMIÈRE ET EN TOUTE INTELLIGENCE ; AFIN QUE VOUS SACHIEZ DISCERNER CE QUI EST MEILLEUR, ET QUE VOUS SOYEZ INNOCENTS ET SANS TACHE JUSQU’AU JOUR DE JÉSUS-CHRIST, REMPLIS DE TOUS LES FRUITS DE JUSTICE, POUR LA GLOIRE ET LA LOUANGE DE DIEU. (CH. 1,8 – 11 JUSQU’À 19)

Analyse.

  • 1. Saint Paul exprime aux Philippiens l’ardente charité qu’il a pour eux. – Il prie pour que la charité dont ils ont fait preuve eux-mêmes croisse de plus en plus, pour qu’ils soient trouvés purs de tout péché et chargés des fruits de la justice, etc.
  • 2. Saint Paul se réjouit de ce que sa captivité et les artifices mêmes de ses ennemis tournent au bien de l’Évangile.
  • 3. Que les hérétiques travaillent en vain.
  • 4 et 5. Unir à la vertu la pureté d’intention. – Crime et folie des envieux. – Malheur d’être riche et bonheur d’être pauvre.


1. « Dieu m’est témoin ». S’il invoque le témoignage de Dieu, ce n’est pas comme les soupçonnant de ne pas croire au sien propre ; c’est l’affection même qui lui dicte cet appel à Dieu, il veut avoir leur pleine et entière confiance. Il venait de parler des soulagements