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Page:Chrysostome - Oeuvres complètes, trad Jeannin, Tome 11, 1867.djvu/206

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barque pourrait sombrer. Eh quoi, pour sauver leurs corps, les matelots jettent la cargaison, ils n’attendent pas l’invasion du flot qui submergerait la barque ; et vous, pour sauver votre âme, vous ne conjurerez pas le naufrage ? Faites-en l’essai, si vous ne me croyez pas, je vous en conjure, faites-en l’essai, et vous verrez la gloire de Dieu. Quand il vous arrive quelque affliction, faites bien vite l’aumône, bénissez Dieu de ce qui vous arrive, et vous verrez de quelle joie vous serez inondé. Tel est le profit, si mince qu’il soit, dans les choses de l’esprit, qu’il fait disparaître toute perte dans les choses de ce monde. Tant que vous avez de quoi donner au Christ, vous êtes riche.

Répondez-moi, vous avez été dépouillé, un roi s’approche de vous, vous tend la main, ne rougit pas de recevoir de vous quelque chose, ne vous regarderez-vous pas comme le plus riche qui soit au monde, vous qui, dans une si grande pauvreté, voyez un roi qui ne rougit pas de vous ? Ne vous dépouillez pas vous-même, n’ayez qu’une pensée, celle de vous vaincre vous-même, et vous vaincrez sans peine le perfide démon. Il ne dépend que de vous de faire de grands bénéfices. Méprisons les richesses, afin de ne pas mépriser notre âme. Mais comment arriverons-nous à les mépriser ? Ne voyez-vous pas ce qui se passe pour la beauté du corps, et l’amour qu’elle inspire ; tant que les yeux en sont frappés, le feu brûle, la flamme s’élève et resplendit ; une fois qu’on a détourné ses regards, tout s’éteint, tout est assoupi ; est-ce vrai ? Il en est de même des richesses : que nul n’amasse des objets dorés, plus de pierres précieuses, plus de colliers, plus de bracelets, plus de cette amorce pour les yeux. Si vous voulez être riche, comme les hommes des anciens jours, ne mettez pas votre richesse dans l’or, mais dans les choses nécessaires, afin d’être toujours prêt à les distribuer aux autres. Renoncez à l’amour des ornements ; les richesses de ce genre sont exposées aux mauvais coups des brigands, et ne nous donnent que des soucis ; plus de vases d’or ni d’argent ; ayez des provisions de froment, de vin, d’huile ; ayez-en, non pour les vendre et en faire de l’argent, mais pour les distribuer aux malheureux. Si nous savons nous détourner de ces biens superflus, nous obtiendrons les biens du ciel. Puissions-nous tous entrer dans ce partage, en Jésus-Christ, etc.

HOMÉLIE IV.


NE POUVANT DONC ATTENDRE PLUS LONGTEMPS, JE VOUS L’AI ENVOYÉ, POUR RECONNAÎTRE L’ÉTAT DE VOTRE FOI, AYANT APPRÉHENDÉ QUE LE TENTATEUR NE VOUS EUT TENTÉS, ET QUE NOTRE TRAVAIL NE DEVINT INUTILE. MAIS TIMOTHÉE, ÉTANT REVENU VERS NOUS, APRÈS VOUS AVOIR VUS, ET NOUS AYANT APPORTÉ LA BONNE NOUVELLE DE VOTRE FOI ET DE VOTRE CHARITÉ, ET DU BON SOUVENIR, QUE VOUS AVEZ SANS CESSE DE NOUS, QUI VOUS PORTE À DÉSIRER DE NOUS VOIR, COMME NOUS AVONS AUSSI LE MÊME DÉSIR POUR VOUS, NOUS TENONS À VOUS DIRE, MES FRÈRES, QUE, DANS TOUTES LES AFFLICTIONS ET DANS TOUS LES MAUX QUI NOUS ARRIVENT, VOTRE FOI NOUS FAIT TROUVER NOTRE CONSOLATION EN VOUS ; QUE NOUS VIVONS MAINTENANT, SI VOUS DEMEUREZ FERMES DANS LE SEIGNEUR. (III, 5-8 JUSQU’À LA FIN DU CHAPITRE)



Analyse.

1-3. Les prophètes, les saints ne connaissent pas tout, ils participent à la faiblesse humaine. — Pourquoi Dieu a voulu qu’il en fût ainsi. — Affection de saint Paul pour les fidèles ; ses inquiétudes, en ce qui concerne leur foi et leurs mœurs. — Raisons du voyage de Timothée, envoyé par saint Paul, à Thessalonique. — C’est du cœur que vient le mal de la corruption ; tel, sans faire d’actions mauvaises, est perverti.

4. Contre l’impureté. — De l’amour pur, de l’amour des saints en général et de saint Paul en particulier ; de sa tristesse et de ses larmes pour les pécheurs.

5. Courage, bonté, chasteté de Joseph. — De l’oubli des injures, de la facilité à pardonner, de l’humilité. — Rompons tous nos liens, ne différons pas l’œuvre de notre salut.

1. La question qui se pose aujourd’hui devant nous, occupe un grand nombre de personnes, et se représente bien souvent. Quelle est cette question ? « Ne pouvant donc », dit-il, « attendre plus longtemps, je vous ai envoyé Timothée pour reconnaître l’état de votre